jeudi 1 octobre 2015

La vie a un goût d'inouï !


Mardi soir dernier, je déboule à Marseille en compagnie de trois zèbres hors du commun (le très jeune et fascinant Théophile Grzybowski de Coexister, le lyonnais tout à fait hors-série Jean-Philippe Acensi de l’Agence pour l’Education par le Sport et le nantais Vincent Chauveau, notaire de son état et ahurissant fondateur du Conseil du Coin). Des âmes méthodiques, des coeurs intelligents, des courages, des capables de toutes les ruptures généreuses. Sensation de partager le destin d’individus créateurs de leur sort, inaptes à la reptation devant la fatalité. Soudain, en les respirant de près, je me sens en contact avec l’énergie même de notre époque. Ces êtres sont de purs magiciens pour les autres et, comme la plupart des Zèbres, ils ignorent leur grandeur

Leur ego est resté au vestiaire. 

Le vendredi précédent, je me trouvais à Lyon avec Jean-Philippe Acensi qui rassemblait 800 membres de son association : tous portaient des programmes remarquables qui utilisent le sport comme outil d’intégration et de socialisation des jeunes de nos quartiers turbulents. Soudain, un homme lourdement handicapé a surgi sur la scène, Ryadh Sallem, athlète surmédaillé aux JO. Visage puissant, charisme de prédicateur américain, fièvre incarnée : quel coffre ! Capable d’embarquer un peuple. Tout de suite, je l’ai aimé ce diable d’homme cabossé, privé de jambes et de membres supérieurs. Ryadh a parlé à tout le monde de la France comme personne n’en parle plus, nous rappelant haut et fort l’universalisme de notre nation-monde, réveillant notre grandeur. A tous, il donné l’envie de soutenir la candidature de Paris pour les JO en impliquant les quartiers d’où jaillissent bons nombre de nos grands champions. Impression jouissive de rencontrer non des sportifs de haut niveau mais des athlètes du civisme, sorte de citoyens moteurs, culottés et fougueux qui relèvent les nations les plus éteintes. Ce jour-là, d’immenses décisions pour demain ont été prises dans l’intérêt de notre pays. Sorte de parlement des courageux. 

A Marseille, mardi soir donc, je retrouve cette même ardeur. Des grands vivants m’accueillent dans un troquet logé dans un quartier de bandits. L’ami François David a tout mis en musique. Un flic à fleur d’émotion, avide de servir les gens, est là, saturé de questionnements. Et notre hôte, l’invraisemblable Pierre Perez, patron de l’AMS (Association Médiation Sociale) qui le lendemain a organisé avec ses troupes black blanc beur au sein de la Foire de Marseille un débat intitulé «  innovations sociales et citoyennes ». Soixante-douze ans, une énergie anormale, une joie déferlante, une intelligence en action : un zèbre-né, d’excellent pelage ! 
Pendant 24 heures, je vais alors vivre une plongée dans l’énergie marseillaise, cet étrange creuset qui invente la France de demain, serrer des mains de Faizeux, écouter ceux qui osent mille initiatives efficaces dans nos quartiers riverains de la Méditerranée. Je découvre des programmes qui rejoindront BBZ. Même ADN culottée, même rage de rendre servie au peuple en l’impliquant, en le rendant acteur. Notamment un de mouvement de femmes qui renouvellent les pratiques de participation citoyenne dans les communes, en important dans l’hexagone des savoir-faire québécois (La Marche Exploratoire des Femmes). 

Les zèbres avec qui je suis venu emballent, fascinent. 

Des élus débarquent dans une vaste salle de la Foire de Marseille - notamment Maurice Rey, zébrophile sorti gaiement du département des Bouches du Rhône (il est en charge des personnes âgées) avec qui je noue d’emblée une forme d’enthousiasme commun pour agir. Puis surgit l’adjointe au Maire de Marseille, déléguée à la Sécurité publique et prévention et la délinquance : Caroline Pozmentier-Sportich. Dans la fièvre générale, nous échafaudons un plan pour implanter lourdement Lire et faire Lire dans les écoles maternelles et primaires de Marseille. Effarant comme tout se fait au pied levé, dans une joie étrange, avec frénésie et simplicité, comme si tout le monde au fond attendait que la société civile française se lève pour marcher main dans la main avec les communes. 
Deux heures plus tard, dans un palpitant face à face avec les lecteurs de La Provence, je ressens la même évidence : une disponibilité des êtres pour la grande aventure civique qui s’ouvre et que nous fédérons déjà, une attente que « quelque chose se passe enfin en France, dans nos territoires » dans nos territoires puisque tout semble bloqué en haut. Cette attente est palpable, ardente, fébrile. Impression délicieuse de vivre dans un pays qui s’apprête à renaître. Je suis heureux. 

Dans deux ans, nous aurons embarqué les Faizeux de tous nos terroirs ! C’est certain, nous échapperons à la médiocrité des apeurés, à l’aquoibonisme des baisers de bras et au cynisme des peine-à-jouir !

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