mardi 1 décembre 2015

La profession de foi d’Alexandre Jardin: #SANSMOI
«Par civisme et pour prendre clairement le parti des Faizeux, des vivants contre les gardiens gris de l’inertie, je voterai aux élections régionales, mais je voterai BLANC», écrit Alexandre Jardin
En France, les gagnants du système bloquent toute réforme et empêchent tout espoir concret de naître. Les gardiens de l’inertie se sont ligués, implicitement, pour préserver leur fromage et éluder le peuple qui, aux élections régionales, va forcément retourner la table.

Les citoyens sont empêchés de renouveler l'offre politique par le monopole d'investiture des partis déjà subventionnés ; alors que leurs membres cumulés représentent moins de… 2 % de la nation. Les chômeurs sont victimes de règles qui ne profitent qu'à ceux qui ont déjà un emploi. Les jeunes n'ont pas de place dans un système conçu par et, surtout, pour les baby boomers. Les femmes subissent partout la mâlocratie. Les citoyens de confession musulmane sont sommés de se désolidariser publiquement de tueurs en série. La province est mise sous tutelle par une capitale énarchisée qui vit comme une tomate hors-sol. Les enfants du peuple sont broyés par un système inaccessible au doute qui rêve de fabriquer « 80 % de bacheliers » et non 80 % de jeunes ayant un métier. Les Faizeux de tous poils sont dominés par les Diseux qui accaparent une parole publique démonétisée, volatile. L'entrepreneur, le militant associatif et le maire restent soumis à la machinerie administrativo-politique, à ses règles ubuesques et à ses contraintes paralysantes qui se négocient en leur nom, sans tenir compte de leur avis d’opérateur du réel.
Le peuple en insurrection silencieuse. Résultat : les « outsiders » effarés, abattus ou révoltés, très largement majoritaires, ne jouent plus le jeu des « insiders ». Les praticiens de terrain - quels qu’ils soient - vomissent la technocratie régnante qui, juchée sur ses certitudes, continue sans rire à se croire détentrice de l’intérêt général et à produire de la norme à défaut d’action. Le peuple en insurrection silencieuse fait la grève du vote ou s’apprête à verser sa colère dans les urnes.
Sommes-nous un peuple d’anesthésiés, rabougri, soumis à jamais aux oukases d’un système débile, au despotisme administratif ?
Face à une telle crise de système, le débat est donc désormais identitaire. Qui sommes-nous, nous Français ?
Sommes-nous un peuple d’anesthésiés, rabougri, soumis à jamais aux oukases d’un système débile, au despotisme administratif ? Ou sommes-nous un peuple éveillé, puissant, libre et rebelle ?
Devons-nous encore une fois refuser de prendre acte de l’échec patent de nos partis et continuer à faire semblant de croire en des paroles que nous n’entendons même plus ? Ou prenons-nous, nous-même, notre destin en main ?
La cadre classique des Mini-Colbert. La France a toujours été un État, elle doit devenir une société puissante. Une société majeure, libre et solidaire et surtout sûre d’elle-même. La situation critique le commande. Ce qu'AUCUN parti gouvernemental ne propose. Tous restent figés dans le cadre classique, éternellement piloté par les Mini-Colbert (experts de la complexité publique qu’ils ont créée), qui ne fonctionne plus, prêts à enfiler les pantoufles de l’impuissance.
Par civisme et pour prendre clairement le parti des Faizeux, des vivants contre les gardiens gris de l’inertie, je voterai aux élections régionales, mais je voterai BLANC. Je ne veux plus jamais voter contre, piteusement. Ce que j'ai fait avec grande honte et insincérité depuis des décennies. Je voterai blanc même si mon vote comptera pour nul.
Désormais, ce sera #sansmoi.
Sans ma caution. Sans ma honte d’avoir si longtemps collaboré à un système usé qui désespère les gens de mon pays et mène à un processus révolutionnaire, en réalité déjà engagé. A un moment il faut dire stop à l’échec collectif, se redresser fièrement, avec cœur, et ne plus se faire impressionner par les conservateurs qui brandissent les qualificatifs ignominieux : poujadiste, populiste ! Ne vous laissez plus intimider. Nos fidélités prolongées nous ont hélas trahis.
Cessons tout déni! La culpabilisation des citoyens ne marche plus sur moi. Elle devient pure manipulation pour faire perdurer un système autiste et calcifié qui révolte la nation dans ses profondeurs et emmène irrémédiablement l'extrémisme au pouvoir. On nous dit de voter pour des partis qui feraient « barrage au FN », mais ce sont bien ces partis qui le renforcent chaque jour. Cessons tout déni et ouvrons les yeux sur l’amère réalité : voter pour les clans qui ont fabriqué le système, c’est voter pour des impuissants avérés qui font son lit depuis des décennies, tout en prétendant le combattre. Qui plus que le Parti Socialiste et l’UMP-LesRépublicains a conduit le FN aux portes du pouvoir ? Merde, ce que je dis est malheureusement vrai !
J’entre en non-coopération franche, en rupture assumée, et choisis l'action civique et altruiste de terrain pour servir la France, aux côtés des maires qui se battent
En tant que Faizeux, militant associatif engagé, j’entre en non-coopération franche, en rupture assumée, et choisis l'action civique et altruiste de terrain pour servir la France, aux côtés des maires qui se battent. Rappelons que 80 % d’entre eux sont sans attaches partisanes.
Et je me tiendrai à cette attitude de non-coopération - vote blanc, blanc de colère froide - tant que les partis de gouvernement n’auront pas refondé leur manière irresponsable de traiter la société, tant qu’ils la traiteront en vassale infantile, sans lui confier les missions opérationnelles majeures que l’Etat ne sait en réalité pas assumer. Tant que l’Etat voudra agir (si mal) à notre place, nous les Faizeux. Tant que l’Etat confondra (volontairement) société civile et corps intermédiaires ossifiés, intégrés au système administratif, stipendiés par le système. Tant que les partis n’auront pas fait leur révolution de la confiance dans les entreprises (classiques ou de l’économie sociale et solidaire), les associations et les maires qui se bougent le cul : les vrais Faizeux qui, recrus d’expérience, savent faire !
Cette position de citoyen qui fait chaque jour sa part pour servir la société française n'engage que moi, et non pas @leszebres, un mouvement civique de gens solidaires, enthousiastes et résolument libres. Des engagés de terrain qui visent haut et se tiennent droit, en obtenant des résultats déjà concrets.
Le chèque en blanc aux partis qui gèrent la déroute institutionnalisée doit s’arrêter un jour. Ayons le courage de le dire haut et fort. Ras-le-bol de la lâcheté. La rébellion positive des Faizeux commence. Laissez-nous faire, on a déjà commencé !
Quiconque se reconnaît dans ma manière de dire non à tous les visages de la fatalité peut utiliser le hashtag #sansmoi. Que chacun(e) l'utilise largement et gaiement sur les réseaux sociaux pour dire son refus de coopérer avec la France d'hier et sa volonté d’entrer dans la France qui se prend en main ! Sans plus rien attendre d’en haut.
N’ayez plus peur de vous dresser. Et criez #sans moi !

Alexandre Jardin est écrivain, co-fondateur de l’association Lire et Faire Lire et du mouvement bleublanczèbre.fr («un “do tank”, pas un think tank», précise-t-il)
Texte paru dans L'Opinion.

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