Nos zèbres si vivants participent à l'aventure avec une fougue et une passion hors norme. J'accueille ici, sur mon blog, la contribution de Vincent Chauveau.
Exprimer sa colère en criant, réduit l’agressivité.
Et après : qu’est-il possible de construire sur une colère ?
En 2014, j’étais en colère. Les dirigeants politiques nous dénonçaient, nous notaires, comme des rentiers. Fustiger la bourgeoisie notariale : voilà une façon bien démagogique d’agir, d’autant plus quand l’on dispose d’une cours médiatique constante ! C’était à croire que les instances de l’Etat avaient oublié que nous faisons encore toujours le sale boulot pour leur compte. Nous assurons la sécurité juridique des contrats, et percevons des taxes reversées dans trésor de la nation.
Alors que les dirigeants des instances de représentation des Notaires s’affairaient à organiser la manifestation des professionnels du droit, je me suis essayé à une autre façon de nous faire entendre. Il fallait que nos concitoyens comprennent le rôle d’un notaire.
La sécurité juridique est un acquis que le monde entier nous envie ! – A l’exception peut-être de ceux qui arrivent à générer de la croissance sur l’insécurité juridique.
Manifester une journée sur un périphérique, manifester une journée entre les immeubles haussmanniens parisiens, et après ? Une grève ? Les notaires et les collaborateurs vivent directement de leur travail sans rien coûter à l’Etat. Se mettre en grève en période de crise constituerait un luxe syndical Etatique que nous ne pouvions pas nous offrir.
J’ai alors proposé au Président du Conseil Supérieur du Notariat et à son bureau de créer le #conseilducoin. On m’a demandé une note de synthèse. Je n’ai pas pu défendre mon idée devant le Bureau, - ils revendiquent pourtant représenter les notaires de la base. Evidemment, le projet n’est pas retenu, arguant que la réalité et les enjeux du moment sont ailleurs.
Au soir du 10 décembre, alors que les notaires descendent dans la rue, je laisse mes confrères furibards échanger sur l’avenir de la profession. Je me rends dans un café voisin proche de l’Olympia où je dois retrouver le leader d’un mouvement citoyen en plein essor : Alexandre Jardin et son mouvement Bleu Blanc Zèbre. Cet homme pressé arrive sur son scooter beige. Il est heureux. Il sourit. Je suis défait.
Il prend le temps de m’écouter. Et me dit : « Vincent, foncez ! N’attendez rien de vos instances ! Nos politiques agissent avec la peur. Il faut agir avec courage. Monsieur Emmanuel Macron n’a pas le droit de casser ce qui marche bien dans notre beau pays. Sauvons l’accès au droit pour tous et le maillage territorial des notaires. Je sais que les notaires sont des hommes et des femmes bienveillants. Si vous arrivez à gagner le pari de démultiplier votre mouvement dans toute la France, je vous zèbrerai ! »
Le #conseilducoin se lance alors via twitter puis sur Facebook. Le 3 janvier, les notaires en colère répondent à l’appel dans 12 villes de France. Les grands médias, Europe 1, RTL, Ouest France, Le Figaro prennent le relais. Le lendemain, assis dans mon canapé épuisé et surpris par mon propre courage, je me repose entouré de ma femme et de mes enfants. Mon portable sonne. C’est le président du Conseil Supérieur. Il me félicite, admettant aussi son erreur d’appréciation.
Au Printemps, nous arrivons à 400 notaires.
Après 11 000 tweets, et 600 articles dans la presse quotidienne régionale, quelques passages tv par mes confrères, nous décrochons un page entière dans un quotidien national. Envoyé spécial décide alors de faire un reportage sur notre action et notre métier : Inédit.
Nous dépassons les 2000 notaires dans 200 villes.
Au-delà du succès médiatique actuel, les notaires du #conseilducoin reviennent chaque mois encouragés par les personnes que l’on croise au café du coin. Les Français du terroir nous supplient de ne rien lâcher face à Macron.
A l’automne, le mouvement se poursuit. Les notaires ne lâchent rien dans leur action civique et altruiste. Face à cette détermination, Emmanuel Macron réagit et fait organiser par son directeur de cabinet une rencontre. Il ne comprend pas le soutien des Zèbres au notariat.
Les zèbres ont compris l’ADN du notariat : rendre service au public.
Monsieur Emmanuel Macron avertit les notaires de la création d’une commission de surveillance sur l’application de sa loi. Bercy ouvre de nouveau ses portes à nos instances pour trouver une issue ! Issue non trouvée encore à ce jour.
Le 9 janvier 2016, nous fêtons notre premier anniversaire du #conseilducoin après avoir délivré près de 20.000 conseils gratuits.
Les notaires rendent service à la Nation non plus seulement entre leurs murs mais au café du coin.
La loi existe. Mais les décrets ne sont pas toujours parus. Au nom de l’unité, on aimerait tellement clouer au pilori ceux qui ne suivent pas le cadre des instances. Agir avec civisme à travers le #conseilducoin est l’unique réponse réelle, profonde et permanente à cette réforme destructrice.
Transformer une colère en action positive, voilà la réponse des Notaires. L’action se poursuit avec de nouvelles alliances en perspectives…
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